Facebook X Twitter Instagram Youtube 

Art et méditation - juin 2021

Strigel Bernhard Museo tedesco Norimberga

Bernhard Strigel, (Memmingen 1460 – 1528), La Sainte Famille, 1505-1506, huile sur bois de sapin, cm 78 x 55, Nuremberg, Musée National Allemand

Mois de juin.

Le panneau, avec neuf autres tous conservés à Nuremberg, faisait partie du retable de la chapelle dédiée à Sainte-Anne dans l'église paroissiale de Mindelheim. La chapelle fut le lieu de sépulture des familles Rechberg et Frundsberg qui commandèrent au peintre de représenter la famille de Jésus et de ses ancêtres.

Mais au lieu de peindre un arbre généalogique, comme c'était la coutume jusqu'alors, le peintre met l'institution familiale au centre, de sorte que chaque panneau représente une famille figurée dans son ensemble (mère, père, fils/fille) et dans un moment de la vie quotidienne.

La maison de Marie et Joseph est très simple, peu de mobilier, un grand rideau rouge qui sert à la fois de séparation et d'élément qui met particulièrement en valeur les figures de la mère et de l'enfant. Leur prédominance est également soulignée à la fois par le premier plan (Joseph est relégué au second plan à droite) et par les deux grandes auréoles. La chaise sur laquelle Marie est assise, du type dite "Savonarole", n'est plus un trône même si le trône sur lequel est assis le petit Jésus est le corps même de Marie, dont la robe sombre contraste avec le corps nu et la blouse blanche de son fils.

Fixons maintenant notre regard sur Joseph. On ne peut manquer de remarquer le réalisme de la scène. Le peintre l'a pratiquement surpris dans son métier de menuisier : la table de travail, le rabot avec lequel il lisse une planche, le marteau, la vrille. Ce qui nous frappe peut-être le plus, ce sont les nombreux copeaux de bois que l'on voit éparpillés sur la table et sur le sol et qui témoignent de la fatigue du labeur. Joseph est absorbé et concentré sur le travail de ses mains, car il sait que de son engagement découle la possibilité de maintenir dans la dignité sa famille bien-aimée.

Le retable offert en ex voto dans l'église d'un petit village de Bavière était donc une exaltation de la famille, un lieu privilégié où se déroule l'éducation des enfants. Ceux des familles Rechberg et Frundsberg qui ont commandé le tableau à notre peintre ont ainsi voulu confier tous leurs proches au Seigneur et à son intercession, dans la certitude qu'ainsi leur vie serait entre de bonnes mains.

J'aime conclure cette brève réflexion en faisant miennes les invocations qui ont été gravées par la volonté des clients dans les deux auréoles autour de la tête de Marie et de Jésus :

Sanctissima Virgo Maria, ora pro nobis” (Marie, très Sainte Vierge, priez pour nous)

Iesu Christi fili Dei vivi, miserere nobis” (Jésus, fils du Dieu vivant, prends pitié de nous).

 

Le rapport avec le travail est un aspect qui caractérise saint Joseph et qui est mis en évidence depuis la première Encyclique sociale, Rerum novarum, de Léon XIII. Saint Joseph était un charpentier qui a travaillé honnêtement pour garantir la subsistance de sa famille. Jésus a appris de lui la valeur, la dignité et la joie de ce que signifie manger le pain, fruit de son travail.

À notre époque où le travail semble représenter de nouveau une urgente question sociale et où le chômage atteint parfois des niveaux impressionnants, y compris dans les nations où pendant des décennies on a vécu un certain bien-être, il est nécessaire de comprendre, avec une conscience renouvelée, la signification du travail qui donne la dignité et dont notre Saint est le patron exemplaire”.

Pape François, lettre apostolique Patris Corde 6, 8 décembre 2020

(Contribution de Vito Pongolini)