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Maître de la Véronique de Munich (actif à Cologne entre le 1400 e le 1425), La Véronique avec le voile imprimé du visage du Christ, 1425 environ, huile sur bois de sapin, cm 78,1 x 48,2, Munich, Alte Pinakothek
Femmes du Nouveau Testament: Véronique.
Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais : Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Kouza, intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui les servaient en prenant sur leurs ressources. (Luc 8, 2-3)
Les femmes qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé. Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit. (Luc 23, 55-56)
Véronique est le prénom donné par la tradition à l'une des femmes qui suivirent Jésus tout au long de sa prédication. Initialement identifiée à la femme atteinte d'une perte de sang et qui fut guérie en touchant tout simplement le manteau de Jésus (comme nous le racontent les Évangiles synoptiques, par exemple dans Luc 8, 43-48), à partir du XIVème siècle, elle fut considérée comme la protagoniste d´un épisode qui n'est pas raconté dans les Évangiles canoniques. Nous associons donc le nom «Véronique» à ce que la tradition de l´Église nous propose dans la sixième station de la Via Crucis: pendant le chemin vers le Calvaire, elle, l'une des disciples féminines, essuie le visage de Jésus avec un tissu, de la sueur et du sang coulé à cause du couronnement d'épines.
J’aime beaucoup l’idée de donner un nom – en plus de Marie, Salomé, Jeanne, Suzanne – à une autre des femmes – probablement nombreuses, peut-être même plus que les douze apôtres si l’on lit attentivement le premier passage de Luc cité ci-dessus – qui ont accompagné Jésus pendant ses trois années de prédication.
La scène connut un grand succès dans les représentations artistiques et de nombreux peintres ont choisi ce thème, aussi parce que selon la tradition, la femme s'est rendu compte plus tard que sur le tissu immaculé avec lequel elle avait séché Jésus, son visage avait été miraculeusement imprimé, ce que l'on appelle communément la «sainte face».
L'image que nous contemplons est assez ancienne et surtout proche de la période où l'histoire de Véronique et de sa vénération s'est répandue dans l'Église catholique, l'identifiant comme l'une des «femmes pieuses» qui suivaient Jésus.
Le nom de l'auteur du panneau, aujourd'hui conservé à la Pinacothèque de Munich, ne nous est même pas parvenu. Et celui-ci reste son tableau le plus célèbre, au point que nous connaissons le peintre comme le "Maître de la Véronique de Munich".
Ce qui frappe immédiatement en contemplant le tableau, c'est la prédominance absolue du visage du Christ. Véronique est en arrière-plan, son regard ne croise pas le nôtre, mais s'abaisse presque comme pour nous dire que nous devons à notre tour contempler le saint visage de Jésus imprimé sur le linge avec lequel elle l'a séché. Et ce tissu est présenté long et large pour que chacun puisse ainsi regarder l'image sacrée qui y est imprimée. Même les six petits anges présents au premier plan tournent leur regard vers le visage de Jésus et lui adressent leur prière.
Véronique devient ainsi l'image parfaite du disciple : celui qui suit Jésus ne cherche pas le rôle principal dans l'annonce de l'Évangile, mais il apporte très simplement à tous les gestes du Christ, ses paroles pour que chacun puisse le rencontrer et ainsi être sauvé.
Ce n'est pas pour rien que Véronique est entourée d'un fond doré qui, on le sait, symbolise la divinité.
On ne peut qu'imaginer son l'étonnement quand, après avoir vu le tombeau et le corps de Jésus déposé là le vendredi, après avoir préparé des arômes et des parfums le samedi, elle se rend le lendemain au tombeau tôt le matin, avec d'autres femmes, le trouve vide, et voit l'ange annonçant que Jésus est ressuscité, et court vers les disciples…
Le linge sur lequel est imprimé le visage de Jésus devient alors une relique de la résurrection, signe d’une présence qui a vaincu la mort, comme en témoignent les yeux ouverts de Jésus qui nous regarde. Et chaque fois que nous verrons cette Sainte Face, il y aura une femme, Véronique, qui l'offre, le montre, nous en fait don.
(Contribution de Vito Pongolini)