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Piero Pollaiuolo (Florence 1441 – Rome 1496), La Charité, 1469-70, tempéra grasse sur bois, cm 168 x 90,5, Florence, Musée des Offices
Les vertus : la Charité
Ce mois-ci, qui nous amène à Pâques, nous examinons la troisième des vertus théologales, la Charité. Les historiens de l'art nous disent qu'il s'agissait en réalité du premier panneau du cycle des vertus peint par Piero Pollaiuolo et qu'il fut présenté aux responsables du Tribunal de la Mercanzia pour obtenir la commande: l'appel d'offres prévoyait en effet l'exécution de sept panneaux pour représenter toutes les vertus, tant les vertus « théologiques » que « cardinales ». L’œuvre plut et le peintre obtint le contrat pour exécuter les autres œuvres.
La Charité, tout comme la Foi et l'Espérance, descend directement de Dieu : en effet, comme nous le dit saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens, « Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité » (1 Co 13, 13). Et, comme nous le rappelle saint Jean, « Dieu est amour » (1 Jean 4, 8).
La charité est également représentée par Pollaiuolo sous les traits d'une jeune femme. Mais cette fois, elle n'est pas seule. Elle a un bébé sur ses genoux, qu'elle allaite : on voit son sein, dont le bébé vient de se détacher. Et elle aussi, comme la Foi, porte dans sa main droite un « attribut » qui la caractérise : une flamme, qui symbolise clairement l'amour de Dieu ou le feu de l'Esprit.
On est frappé par l'élégance de sa robe : la robe est en velours rouge (le rouge est la couleur qui identifie traditionnellement cette vertu, mais on se souvient aussi que le rouge, dans sa variante violette, est la couleur des empereurs et que le rouge est la couleur du martyre, exemple suprême de charité et d'amour envers le Christ), le manteau est un beau brocart doré. Deux éléments ont une grande importance dans le tableau : la lumière directe, venant de la droite, et les plis de la robe ; tous deux contribuent à construire les volumes, à donner de la consistance au corps solide de la jeune femme.
Ensuite, il y a deux autres éléments qui me semblent souligner la primauté de la Charité sur les autres vertus : le beau trône qui est bordé de plaques en marbre qui rappellent le classicisme romain, mais surtout les deux bijoux qu'elle porte, une couronne – presque à souligne également avec cet attribut royal sa suprématie – et le beau fermoir qui ferme le manteau sur la poitrine et qui est agrémenté au centre d'un énorme rubis, Pierre rouge comme rouge est la robe et comme rouge est précisément la couleur qui représente la vertu elle-même.
Enfin, on est frappé par le lien direct qui s'établit, dans la représentation typique de la Charité comme une femme allaitant un bébé au sein, entre la première des vertus et la maternité – et donc la femme – presque comme pour souligner la primauté du féminin quand on parle d'amour et de charité : un amour qui nourrit et donne la vie, qui nous réjouit et nous fait grandir.
J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien.
L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais. Les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée. En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles. Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel sera dépassé. Quand j’étais petit enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant. Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu.
Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. (1 Corinthiens 13, 1-13)
Avant tout, ayez entre vous une charité intense, car la charité couvre une multitude de péchés. (1 Pierre 4, 8)
(Contribution de Vito Pongolini)