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Duccio di Buoninsegna (Sienne, 1255 environ –1318 ou 1319), L’arrestation de Jésus, 1308-1311 – huile sur bois, cm 50x76 – Sienne, Musée de l’œuvre de la Cathédrale
Voici l'une des vingt-six scènes de la passion du Christ – peinte sur quatorze panneaux – qui ornent le verso du grand bois qui représente la Vierge sur le trône avec l'Enfant, vénérée par les anges et les saints.
Dans le jardin de Gethsémani, selon le récit de l'Evangile, il y a deux moments saillants: la prière de Jésus qui devient presque agonie et son arrestation par les soldats après la trahison de Judas avec un baiser (voir Matthieu 26, 36-56). Duccio a représenté ces deux épisodes dans un seul panneau divisé en deux, dont celui-ci est la partie supérieure.
La scène est très nue du point de vue naturaliste, il n'y a que quelques arbres et beaucoup de rochers. Le peintre ne se soucie pas du cadre, car son attention se porte entièrement sur la représentation de la scène. Les personnages principaux sont ceux du premier plan. Parmi eux se démarque, au milieu, Jésus, à sa droite Judas, qui s'apprête à lui donner le baiser avec lequel il le trahit et le livre aux Juifs. Tout autour d'eux et à l'arrière-plan, presque pour animer la scène et la rendre plus dramatique, il y a des soldats et des personnages: c'est la «grande foule armée d’épées et de bâtons envoyée par les grands prêtres et les anciens du peuple» (v. 47) dont les évangiles nous parlent.
A gauche, nous remarquons un de ceux qui sont avec Jésus, qui, mettant la main au couteau, l'extrait et frappe le serviteur du grand prêtre, lui coupant une oreille (voir verset 51). Selon l'évangéliste Jean, il s’agit de Pierre. Ce qui nous impressionne dans cette scène, c'est le rouge vif du sang qui sort de l'oreille coupée.
Enfin, dans la partie droite, il y a un petit groupe qui quitte la scène. C'est la représentation plastique de la conclusion du récit. Matthieu nous dit en effet qu'immédiatement après les dernières paroles de Jésus avec lesquelles il annonce l'accomplissement des Écritures, «tous les disciples, l'abandonnèrent et s'enfuirent» (voir v. 56b).
Dans le petit espace de ce tableau, le grand peintre siennois a pu raconter le drame de la dernière nuit de Jésus, un drame qui a dispersé tous ses amis et qui aurait pu signifier la fin de tout ce que, depuis trois ans, il avait annoncé, enseigné, fait.
Mais même dans ce moment extrême, nous pouvons voir dans la face de Jésus une grande dignité et presque la sérénité, dans la certitude que ce qui va s'accomplir est entre les mains du Père: «Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux… Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite !» (Mt 26, 39 et 42).