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Martin Schongauer (Colmar 1440/5 – Breisach 1491), Sainte Famille, 1480-90, huile sur bois de hêtre rouge, cm 26,3 x 17,2, Vienne, Kunsthistorisches Museum.
Mois de février.
Martin Schongauer est surtout connu pour ses travaux de graveur sur cuivre. Il a réalisé environ 130 gravures et la renommée de ses estampes était telle que, alors qu’il était encore en vie, le très célèbre peintre et graveur Albrecht Durer a décidé d’aller de Nuremberg à Colmar juste pour rencontrer l'artiste qui l'avait tant inspiré. Même si, alors que n'existaient à l'époque ni WhatSapp ni la télé, c’est seulement en arrivant à Colmar, qu’il sut que Schongauer était mort depuis plusieurs mois.
Peu d'œuvres picturales nous sont parvenues et celle-ci nous frappe par sa petite taille, qui nous fait penser à une œuvre destinée à quelque maison particulière, probablement à la dévotion d'une famille bourgeoise de la ville de Colmar ou de ses environs.
La scène est très belle, dans sa simplicité et son essentialité. Au premier plan, Marie tenant Jésus dans ses bras, tous deux concentrés sur la grappe de raisin que la mère tient dans sa main. Elle cueille un raisin, pour en faire goûter la saveur à l’enfant. La grappe a été cueillie avec d'autres qui sont dans le beau panier en bas à droite. La maison est pauvre mais digne, directement reliée à l'étable où se trouvent un âne et un bœuf, les mêmes animaux qui, selon la tradition, ont réchauffé le nouveau-né Jésus à Bethléem. Joseph sort de l'étable, portant une gerbe de blé et regardant sa famille avec satisfaction. Bien sûr, l'appel eucharistique que représentent le raisin et le blé n'est pas omis, et il est singulier que ce soient le père et la mère de Jésus qui tiennent entre leurs mains le double signe de la présence et de l'offrande de Jésus (“Prenez, ceci est mon corps … Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude… ”Mc 14, 22b; 24) comme pour signifier leur rôle important dans le plan du salut.
Dans ce petit panneau on ne peut manquer de remarquer de nombreux petits détails qui nous révèlent d'une part la grande habileté du peintre et d'autre part la richesse de sens que la scène nous offre: l’élégance des plis de la robe rouge de Marie, le livre posé sur ses genoux, la vivacité de Jésus attestée notamment par le pied droit et la main gauche, le raffinement de la représentation des cheveux de Marie ou de la barbe de Joseph, l'élégance et l'éclat des couleurs propres aux bijoux, le tissage du panier de corde, le bâton qui est alors une branche, peut-être d'un hêtre, le même bois utilisé par le peintre rhénan pour son œuvre.
Contemplons ce petit mais "grand" tableau, laissons-nous envelopper par la simplicité de la vie de la Famille de Nazareth, nous lui confions nos familles!
“La grandeur de saint Joseph consiste dans le fait qu’il a été l’époux de Marie et le père adoptif de Jésus. Comme tel, il «se mit au service de tout le dessin salvifique», comme l’affirme saint Jean Chrysostome.
Saint Paul VI observe que sa paternité s’est exprimée concrètement dans le fait «d’avoir fait de sa vie un service, un sacrifice au mystère de l’incarnation et à la mission rédemptrice qui y est jointe; d’avoir usé de l’autorité légale qui lui revenait sur la sainte Famille pour lui faire un don total de soi, de sa vie, de son travail ; d’avoir converti sa vocation humaine à l’amour domestique dans la surhumaine oblation de soi, de son cœur et de toute capacité d’amour mise au service du Messie germé dans sa maison»”.
Pape François, lettre apostolique Patris Corde 1, 8 décembre 2020
(Contribution de Vito Pongolini)