Le Greco, Domenikos Theotokopulos dit (Candie 1541 – Tolède 1614), Saint Joseph et l’Enfant, 1597-99, huile sur toile, cm 289 x 147, Tolède, Chapelle de Saint Joseph

Le 19, solennité de Saint Joseph 

J'entends déjà certaines et certains d'entre vous se demander pourquoi je n'ai pas choisi une image de la Sainte Famille pour ce mois. La réponse la plus simple est que j'ai voulu, en ce mois de mars, faire une dédicace spéciale à Saint Joseph. En réalité, ce tableau – que je trouve personnellement merveilleux – m'a fait penser que toute la Famille de Jésus est également présente. En fait, Marie est de ce côté du tableau, elle est dans la même position que nous et est en train de sourire à son petit Jésus qui a couru embrasser son père et s'accroche à lui avec confiance pour recevoir son affectueuse caresse. Si l'appareil photo avait existé à cette époque, ce serait une photo prise par la Vierge !

Ce tableau est toujours accroché aujourd'hui dans la chapelle pour laquelle il a été peint il y a plus de trois siècles. C'est un petit immeuble, dans le dédale des ruelles de la vieille ville.  S’y trouvaient les maisons que Martín Ramírez, un riche marchand de Tolède, avait données à Sainte Thérèse pour la fondation de son cinquième couvent. Le projet n'a jamais eu lieu et les héritiers Ramírez ont ensuite érigé la chapelle actuelle en 1594. Trois ans plus tard, ils ont chargé Le Greco de la décorer. Il l'a fait avec 4 tableaux, dont le plus important est précisément celui-ci, imposant par sa taille et posé sur le seul autel central vers lequel court notre regard dès que nous entrons par la porte principale.

Nous contemplons donc avec Marie ce père doux et affectueux, qui caresse son fils Jésus qui s'accroche à lui. La simplicité et la beauté des couleurs attirent notre regard : le bleu de la robe et le jaune du manteau de Joseph, le beau rouge de la tunique de Jésus. Le regard de Joseph est tourné vers le bas, comme pour souligner son humilité et son caractère timide. Pourtant, précisément à cause de ces qualités, nous le voyons couronné par les trois magnifiques anges qui, avec une voûte audacieuse dans la partie supérieure de l'image, portent des couronnes et le lys blanc symbole de pureté qui, avec le bâton qu'il tient fermement avec sa main droite, est un attribut typique de notre saint.

Un autre détail nous frappe. En arrière-plan, à droite, on peut voir un beau panorama de Tolède. Un grand bâtiment se distingue. Il s'agit de l'hôpital de Santa Cruz qui a été fondé au XVIe siècle par le cardinal Pedro Gonzalez de Mendoza pour héberger, nourrir et élever les orphelins de la ville. On imagine qu'avoir si bien voulu identifier ce lieu a été comme un acte de confiance de tous les enfants moins fortunés de Tolède à Saint Joseph. Je pense que Le Greco était très fier de son travail, du moins à en juger par la signature clairement visible dans le cartouche en bas à gauche.

Contemplant cette belle effigie de saint Joseph et avec nos pensées tournées vers nos pères – encore ici sur la terre ou déjà au ciel – nous faisons nôtre la prière que le Saint-Père a rapportée à la fin de sa lettre apostolique:

Salut, gardien du Rédempteur,

époux de la Vierge Marie.

À toi Dieu a confié son Fils;

en toi Marie a remis sa confiance;

avec toi le Christ est devenu homme.

O bienheureux Joseph,

montre-toi aussi un père pour nous,

et conduis-nous sur le chemin de la vie.

Obtiens-nous grâce, miséricorde et courage,

et défends-nous de tout mal. Amen.

Pape François, lettre apostolique Patris Corde, 8 décembre 2020

(Contribution de Vito Pongolini)