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Sandro Botticelli (Florence 1445 – 1510), Le retour de Judith à Béthulie, 1572, tempera sur bois, cm 31 x 25, Florence, Galerie des OfficesMois de mars.
Femmes de l’ancien Testament: Judith.
Toute l'histoire de Judith est racontée dans le petit livre de la Bible qui porte son nom. La narration de la descente de l'armée assyrienne sur Israël, de l'orgueil et de l’arrogance montrés par Holopherne, commandant suprême de Nabuchodonosor, de sa décision d'assiéger la ville de Béthulie, occupant notamment les aqueducs et les sources d'eau se déroule en 16 chapitres.
La perspective de mourir de soif amène le peuple à demander aux autorités de se rendre à l'ennemi et Ozias promet donc de se rendre si aucune aide ne vient du Seigneur dans les cinq prochains jours. A ce moment du récit, la figure de Judith nous est présentée :
Elle jeûnait tous les jours de son veuvage, excepté la veille et le jour du sabbat, la veille et le jour de la nouvelle lune, et les jours de fête et de réjouissance de la maison d'Israël. Elle était belle et très séduisante. Manassé, son mari, lui avait laissé de l'or et de l'argent, des esclaves, garçons et filles, des troupeaux et des champs, dont elle gardait la disposition. Elle ne donnait prise à aucune critique, car elle craignait Dieu profondément (8, 6-8).
Et c'est elle, une femme, qui exhorte à ne pas baisser les bras, et en effet voici ce qu'elle propose:
«Écoutez-moi bien, car je vais accomplir une action dont le souvenir parviendra aux fils de notre race, de génération en génération. Vous, tenez-vous cette nuit près de la porte de la ville, et moi, je sortirai avec ma suivante. Avant la date où vous avez dit que vous livreriez la ville à nos ennemis, le Seigneur visitera Israël par ma main. Mais ne cherchez pas à connaître mon action : je ne vous dirai rien avant que soit achevé ce que j'ai à faire». Ozias et les chefs de la ville lui dirent: «Va en paix et que le Seigneur Dieu marche devant toi pour châtier nos ennemis» (8, 32-35).
Le petit tableau que nous contemplons fait partie d'un diptyque qui présente la phase finale de l'histoire de Judith. En effet, la femme, accompagnée de sa servante de confiance, parvient à se rendre au camp assyrien et à y être hébergée. Séduit par sa beauté, Holopherne reste seul avec elle. Cependant, à cause d'une trop grande consommation de vin, il ne peut empêcher Judith de le tuer et de le décapiter, emportant sa tête avec lui pour prouver à son peuple que l'ennemi a été anéanti.
Les éléments du diptyque présentent donc la découverte du corps décapité d'Holopherne par les Assyriens et, comme on peut le voir, le retour de Judith en Béthulie.
La première chose qui frappe est le détachement avec lequel le peintre présente les deux femmes. Aucune agitation pour le geste, aucune horreur pour la tête coupée que l'on entrevoit portée par la servante; aussi l'histoire du conflit entre les deux peuples est reléguée au bas du tableau. Judith a alors encore dans sa main droite le sabre avec lequel elle a coupé la tête d'Holopherne, mais dans sa main gauche elle porte un rameau d'olivier. Le peintre semble presque nous dire que l'important pour Judith est d'avoir accompli la volonté du Dieu d'Israël, qui à travers une femme a voulu une fois de plus apporter le salut à son peuple.
Un deuxième élément qui saute aux yeux est la complexité de la scène: dans un tableau un peu plus grand qu'une feuille il y a de nombreux détails, tant au premier plan qu'en profondeur, qui rendent la vision riche et minutieuse. Les fleurs, les rochers, les champs cultivés, le ciel, les murs de la ville, le grand arbre à droite, tout semble vouloir nous dire que ce que nous voyons fait partie d'un moment précis et d'un lieu précis. Même les couleurs claires de la palette qui enveloppent les personnages et le paysage semblent vouloir nous montrer que nous sommes face à quelque chose de vrai et de réel.
Un dernier élément que nous voulons souligner est la beauté et l'élégance des vêtements des deux femmes. Si nous combinons également les cheveux avec ceux-ci, nous ne pouvons manquer de remarquer un mouvement ondulatoire qui n'est pas perçu dans le reste du tableau. Tout se passe comme si les deux femmes, rentrant en toute hâte dans la ville de Béthulie, étaient mues par une force surhumaine et donc divine. Leur mission s'accompagnait d'ailleurs de la protection et de la bénédiction du Dieu d'Israël, le même Dieu qui fit sortir le peuple d'Égypte.
Pour bien comprendre la figure de Judith, j'aime conclure avec ses mots de retour en ville après l'exploit accompli. Aux gardes des portes elle crie encore de loin: «Ouvrez, ouvrez donc la porte! Il est avec nous, Dieu, notre Dieu, pour déployer encore sa vigueur en Israël et sa force contre ses ennemis, comme il l'a fait aujourd'hui aussi» (13, 11) et aux gens venus à la rancontrer, elle s'exclame: «Louez Dieu, louez-le, louez Dieu car il n'a pas écarté sa miséricorde de la maison d'Israël mais cette nuit, par ma main, il a écrasé nos ennemis» (13, 14).
Judith ne se vante pas, mais elle invite tout le monde à remercier et louer Dieu, qui a utilisé sa personne pour rendre la liberté à tout le peuple.
(Contribution de Vito Pongolini)