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Luca Giordano (Naples 1634 – 1705), La prudente Abigaïl, 1696-97, huile sur toile, cm 216 x 362, Madrid, Musée du Prado.
Mois de juillet.
Femmes de l’Ancien Testament: Abigaïl.
Abigaïl se dépêcha de prendre deux cents pains, deux outres de vin, cinq moutons tout préparés, cinq boisseaux d’épis grillés, cent gâteaux de raisins secs et deux cents gâteaux de figues qu’elle chargea sur des ânes. Elle dit aux serviteurs : «Passez devant moi, je vous suis » Cependant, elle n’avertit pas Nabal, son mari.
Alors que, sur son âne, elle descendait à l’abri de la montagne, voici que David et ses hommes descendaient dans sa direction: elle les rencontra… Apercevant David, Abigaïl descendit vite de son âne, elle se jeta devant David, face contre terre, et se prosterna. S’étant jetée à ses pieds, elle dit : «C’est moi, c’est ma faute, mon seigneur! Permets à ta servante de te parler! Écoute donc les paroles de ta servante. De grâce, que mon seigneur ne prête pas attention à ce vaurien de Nabal: il porte bien son nom! Son nom est “le Fou”, et la folie l’accompagne. Mais moi, ta servante, je n’avais pas vu les serviteurs de mon seigneur, ceux que tu avais envoyés. Et maintenant, par la vie du Seigneur et par ta propre vie, puisque le Seigneur t’a empêché d’en venir au sang et de te sauver par ta propre main, qu’ils deviennent comme Nabal, tes ennemis et ceux qui veulent du mal à mon seigneur! Et maintenant, ce présent que ta servante apporte à mon seigneur, qu’il soit remis aux serviteurs qui t’accompagnent. Pardonne, je te prie, l’offense de ta servante. Nul doute, en effet: le Seigneur fera à mon seigneur une maison stable, parce que toi, mon seigneur, tu as mené les combats du Seigneur et que, de toute ta vie, on ne trouvera pas de mal en toi.
(Premier libre de Samuel 25, 18-20; 23-28)
L'épisode relaté dans le premier livre de Samuel se produit lorsque David, déjà consacré roi par le prophète mais non encore reconnu comme tel, fuit Saül et combat en même temps les Philistins. C'est un moment délicat, car Samuel vient de décéder. David avait envoyé des messagers au riche Nabal qui, cependant, avait mal répondu au futur roi d'Israël. Et la femme de Nabal, Abigaïl, qui comprend le danger pour sa maison, prend l'initiative et, à l'insu de son mari, se rend chez David avec de riches cadeaux. Le grand tableau que Luca Giordano a peint pour la famille royale d'Espagne et qui se trouvait au Palais Royal (mais provenant du Bâtiment Buen Retiro) nous montre le moment de la rencontre entre David et Abigaïl. L'image est divisée en deux parties. A droite David – qui porte déjà la couronne même s'il n'est pas encore formellement roi – avec différents personnages qui rappellent une cour (un soldat, un nain/bouffon, un chien...), à gauche Abigaïl qui, à genoux, présente ses cadeaux, contenus dans les cruches devant lui mais aussi sur les ânes que l'on aperçoit en arrière-plan. La scène est encombrée de nombreux personnages, même si David et Abigail se distinguent par leur luminosité et leur richesse de détails.
Que le déménagement d'Abigaïl ait été un succès on peut déjà le comprendre à l'attitude de David qui la regarde avec bienveillance. Ce n'est pas pour rien que la réponse de David à la demande de grâce d'Abigail est très claire et prometteuse: «Béni soit le Seigneur, Dieu d’Israël, qui t’a envoyée en ce jour à ma rencontre. Bénie soit ton intelligence, et bénie sois-tu, toi qui m’as retenu aujourd’hui d’en venir au sang et de me sauver par ma propre main! Mais, par le Seigneur vivant, par le Dieu d’Israël qui m’a empêché de te faire du mal, si tu n’étais pas venue aussi vite à ma rencontre, il ne serait pas resté à Nabal un seul mâle, avant que le matin se lève!» David reçut de la main d’Abigaïl ce qu’elle lui avait apporté. Puis il lui dit: « Remonte en paix chez toi. Tu le vois: je t’ai écoutée, je t’ai fait grâce.» (Premier livre de Samuel 25, 32-35). Il y a un détail qui plus que tout autre souligne la teneur calme et constructive du dialogue entre les deux protagonistes: ce sont les mains. Celles d'Abigaïl indiquent les dons et le chemin parcouru, tandis que celles de David, en particulier la droite, semblent donner de la sécurité à la femme et à ses peurs.
Et ce qu'on nous dit d'Abigaïl au début du chapitre 25, à savoir que “la femme était intelligente et belle” (v. 3b), toucha profondément David au point que, ayant appris la mort de Nabal dix jours après sa rencontre avec sa femme, il a demandé et obtenu la permission d'épouser Abigail lui-même.
(Contribution de Vito Pongolini)