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Art et méditation - octobre 2023

TizianoTitien (Pieve di Cadore vers 1488 – Venise 1576), Christ et la femme adultère, environ 1512/15, huile sur toile, cm 82,5 x 136,5, Vienne, Kunsthistorisches Museum 

Mois d’octobre. 

Femmes du Nouveau Testament: la femme adultère.

Quant à Jésus, il s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.

Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » (Jean 8, 1-11)

 

La représentation que Titien fait du récit évangélique est véritablement singulière. Tout d’abord on note qu’il n’y a aucun type de décor environnemental. Pourtant l'Évangile nous dit que la scène se déroule dans le temple de Jérusalem et donc le peintre de Cadore aurait pu se permettre de représenter, par exemple, de l'architecture. À la place, il y a sept personnages à mi-corps. On en reconnaît immédiatement deux: il s'agit de Jésus, à l'extrême gauche du tableau, et de la femme accusée d'adultère, qui se trouve plutôt à droite de la toile.

Si nous relisons l'histoire de l'Évangile de Jean, nous nous rendons compte que le moment représenté dans le tableau de Titien est celui où Jésus se lève et dit à ceux qui voulaient lapider la femme que celui d'entre eux n´ayant pas de péché devrait sûrement commencer à jeter la pierre.

Ce qui me frappe le plus en regardant le tableau, c'est la façon dont Titien résolument et délibérément a donné la centralité et l'importance seulement à deux personnages: Jésus et la femme.

La centralité de Jésus est, à certains égards, évidente: dans chaque épisode évangélique, il est le centre, l'inspirateur, le protagoniste. C'est également le cas dans cette histoire. Les scribes et les pharisiens se tournent vers lui, mais il était déjà parmi une foule qui l'écoutait et était instruite par lui. Et Titien présente cette centralité en déplaçant la personne de Jésus à l'extrême gauche, de sorte que tous les autres personnages qui remplissent la toile convergent vers lui.

Mais il y a un détail qui rassemble la figure de Jésus à celle de la femme qu'il aurait dû juger et condamner, agissant selon la loi. Il s´agit la lumière, élément très cher au Titien, qui arrive du haut (référence évidente à la divinité) et éclaire Jésus et surtout la femme.

Un deuxième élément qui rend centrale la seule figure féminine présente dans le tableau est le regard, ou plutôt, pour être précis, il vaudrait mieux dire l’absence de regard. En fait, la femme est le seul personnage dont on ne capte pas le regard, car ses yeux sont tournés vers le bas. Et cette caractéristique d´autant plus évidente si l’on compare son regard avec celui des scribes et des pharisiens qui étaient prêts à la lapider. Nous ne savons pas ce que signifient ces yeux baissés: le repentir? Démission? Humilité? Elle est en train de penser à son destin ? elle est en train de repenser à sa vie? …

J'aime penser que peu de temps après, le visage de la femme se lèvera pour rencontrer le regard bienveillant et miséricordieux de Jésus: “Moi non plus, je ne te condamne pas ; va et désormais ne pèche plus”. Et puis nous pourrons voir aussi son regard, plein de joie et de gratitude pour sa nouvelle vie.

(Contribution de Vito Pongolini)