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Art et méditation - décembre 2023

figlia di Giairo

© 2014 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec 

Véronèse, Paul Caliari dit le (Vérone 1528 – Vénise 1588), La résurrection de la fille de Jaïre, 1546 environ, huile sur papier collé sur toile, cm 42 x 37, Paris, Musée du Louvre 

Femmes du Nouveau Testament: la fille de Jaïre. 

Quand Jésus revint en Galilée, il fut accueilli par la foule, car tous l’attendaient. Et voici qu’arriva un homme du nom de Jaïre; c’était le chef de la synagogue. Tombant aux pieds de Jésus, il le suppliait de venir dans sa maison, parce qu’il avait une fille unique, d’environ douze ans, qui se mourait. Et tandis que Jésus s’y rendait, les foules le pressaient au point de l’étouffer. Or, une femme qui avait des pertes de sang depuis douze ans, et qui avait dépensé tous ses biens chez les médecins sans que personne n’ait pu la guérir, s’approcha de lui par-derrière et toucha la frange de son vêtement. À l’instant même, sa perte de sang s’arrêta.

Mais Jésus dit: « Qui m’a touché ? » Comme ils s’en défendaient tous, Pierre lui dit: « Maître, les foules te bousculent et t’écrasent. » Mais Jésus reprit: « Quelqu’un m’a touché, car j’ai reconnu qu’une force était sortie de moi. » La femme, se voyant découverte, vint, toute tremblante, se jeter à ses pieds ; elle raconta devant tout le peuple pourquoi elle l’avait touché, et comment elle avait été guérie à l’instant même. Jésus lui dit: « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix. » Comme il parlait encore, quelqu’un arrive de la maison de Jaïre, le chef de synagogue, pour dire à celui-ci: « Ta fille est morte. Ne dérange plus le maître. » Jésus, qui avait entendu, lui déclara : « Ne crains pas. Crois seulement, et elle sera sauvée. » En arrivant à la maison, il ne laissa personne entrer avec lui, sauf Pierre, Jean et Jacques, ainsi que le père de l’enfant et sa mère. Tous la pleuraient en se frappant la poitrine. Mais Jésus dit: « Ne pleurez pas ; elle n’est pas morte : elle dort. » Mais on se moquait de lui, sachant qu’elle venait de mourir. Alors il lui saisit la main et dit d’une voix forte: « Mon enfant, éveille-toi ! » L’esprit lui revint et, à l’instant même, elle se leva. Alors Jésus ordonna de lui donner à manger. Ses parents furent frappés de stupeur ; quant à Jésus, il leur commanda de ne dire à personne ce qui était arrivé.  (Luc, 8, 40-56)

Quarante ans avant de peindre la Samaritaine que nous avons vue en novembre dernier, un très jeune Véronèse, au début de sa carrière picturale, âgé à peine dix-huit ans, nous offre ce petit tableau. Dès le début une scène évangélique est protagoniste, d´emblée le protagoniste situé à côté de Jésus est une jeune femme, que l'on voit couchée dans le lit où elle gisait morte jusqu'à quelques instants avant l'arrivée du maître.

Peut-être il s´agit d´une œuvre préparatoire à une grande toile qu´on sait fut commandée par la famille Avanzi pour leur chapelle dans l'église franciscaine de San Bernardino à Vérone, ce tableau témoigne déjà la grande maîtrise technique du peintre qui, bien qu'à ses débuts, montre désormais une grande valeur.

La scène reproduit la conclusion du récit évangélique et se déroule dans l'intimité de la maison du fonctionnaire romain, tandis qu'à l'extérieur (on le voit à travers l'architecture et le paysage en arrière-plan) tout semble se dérouler normalement. On peine à reconnaître les personnages, car le jeune Paolo n'entend pas donner une consistance ou une physionomie précise aux disciples (Pierre, Jacques et Jean étaient entrés dans la maison, on distingue deux figures masculines à droite qui pourraient être deux d'entre eux) ni aux habitants de la maison (on imagine que le père et la mère sont les plus proches du lit où repose la fille mais il y a deux autres figures féminines dont on ne sait pas exactement qui elles sont).

Parmi tous, la figure de Jésus se détache à nos yeux: il est au centre du tableau, son visage est entouré d'un halo de lumière, il porte les vêtements des deux couleurs traditionnelles qui depuis la tradition byzantine désignent l'humanité (rouge ) et la divinité (bleu).

Sa main gauche tient celle de la fille de Jaïre qui, toujours allongée sur le lit, vient de se réveiller du sommeil de la mort, est revenue à la vie et est rendue à sa famille.

Peut-être que le jeune Paolo sentait la figure de la jeune fille de douze ans très proche de lui aussi en raison de son âge, le fait est que nous aimons bien conclure cette revue des femmes présentes dans le Nouveau Testament avec une fille. Le mois de décembre est le mois de la célébration de Noël et c'est beau, je trouve, de contempler une jeune femme qui, comme par une seconde naissance, revient à la vie. Enfin, une note iconographique qui part du détail de la main de Jésus prenant la main de la jeune fille: elle a retrouvé la vie au moment où elle a pu mettre sa main dans la main ferme et salvatrice du Seigneur.

En toi, Seigneur, j'ai mon refuge; garde-moi d'être humilié pour toujours.

Dans ta justice, libère-moi;

Ecoute, et viens me délivrer. Sois le rocher qui m'abrite, la maison fortifiée qui me sauve.

Ma forteresse et mon roc, c'est toi:

pour l'honneur de ton nom, tu me guides et me conduis.

Tu m'arraches au filet qu'ils m'ont tendu ; oui, c'est toi mon abri.

En tes mains je remets mon esprit ; tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité.

 (du Psaume 31. 1-5)

(Contribution de Vito Pongolini)