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Art et méditation - juin 2024

Prudenza

Piero Pollaiuolo (Florence 1441 – Rome 1496), La Prudence, 1469-72, tempéra grasse sur bois, cm 168 x 90,5, Florence, Musée des Offices 

Les vertus: la Prudence 

Le pape François a consacré l'audience du mercredi 20 mars à la première des vertus « cardinales », la Prudence. Et il a rappelé que c'est « la capacité de gouverner les actions pour les orienter vers le bien, d'où son surnom de "cocher des vertus". Prudent est celui ou celle qui sait choisir : tant qu'elle reste dans les livres, la vie est toujours facile, mais au milieu des vents et des vagues de la vie quotidienne, c'est une autre affaire, nous sommes souvent incertains et ne savons pas quelle direction prendre. Celui qui est prudent ne choisit pas au hasard : il sait d'abord ce qu'il veut, puis il réfléchit aux situations, se fait conseiller et, avec une vision large et une liberté intérieure, il choisit la voie à suivre ».

Piero Pollaiuolo, dans le cycle consacré aux vertus qui nous est désormais familier, a également peint avec soin et attention cette vertu « cardinale », et l'on retrouve quelques caractéristiques déjà relevées dans les tableaux examinés ces derniers mois:le trône sur lequel également la Prudence siège, un tapis qui embellit le sol, une estrade en marbre qui tend à rehausser la silhouette de la jeune femme.

La vertu de la Prudence est aussi une jeune femme qui a entre les mains deux choses qui en quelque sorte la représentent. Dans la main droite, nous remarquons un miroir qui reflète vers nous l'image de la femme elle-même. Il est donc avant tout un symbole de la connaissance de soi, condition première et indispensable pour faire le bien. Mais le miroir, lorsqu'on le regarde, permet aussi de voir derrière son dos et est donc un symbole de clairvoyance et de circonspection, qui permettent d'éviter les embûches du mal. Dans sa main gauche, la Prudence tient un serpent et naturellement notre esprit se tourne immédiatement vers le passage évangélique dans lequel Jésus invite ses disciples à être « prudents comme les serpents » (Mt 10, 16). Si l'on observe attentivement le visage de la femme, on remarque que les yeux de la Prudence louchent légèrement, car le peintre veut nous dire qu'elle doit regarder dans plusieurs directions, avec attention et prévoyance.

Même dans le cas de la Prudence, on est frappé par l'élégance et la richesse de la robe, avec les manches en tissu damassé, la ceinture haute à la taille qui crée un jeu de plis avec la légèreté du tissu, tandis que le manteau, qu´on voit dans sa couleur grise unie (mais dont on aperçoit la face interne richement décorée dans le pliage de l'épaule gauche), avec ses plis bien définis tend à construire le volume de la figure elle-même.

Un homme avisé trouvera le bonheur ; qui se fie au Seigneur est plus heureux encore ! La sagesse du cœur, on l’appelle intelligence ; la douceur des paroles aide à apprendre. Le bon sens, pour qui le possède, est source de vie, mais les fous n’enseignent que folie. Le sage, en son cœur, affine ses propos, et sa parole aide à apprendre. (Proverbes 16, 20-23)

Avec la sagesse on se bâtit une maison, avec la prudence on la rend solide, avec du savoir-faire on remplit les pièces de mille biens précieux et beaux. Au sage appartient la force, celui qui a l’expérience augmente son pouvoir. C’est en bon stratège que tu dois mener la guerre : élargis ton conseil et tu réussiras ! (Proverbes 24, 3-6)

Les lèvres des gens irréfléchis débitent des sottises, mais les paroles des personnes prudentes sont pesées à la balance. (Ben Sira le Sage 21, 25)

De qui a-t-il pris conseil pour discerner, pour apprendre les chemins du jugement, pour acquérir le savoir et s’instruire des voies de la prudence ? (Isaïe 40, 14)

Écoute, Israël, les commandements de vie, prête l’oreille pour acquérir la prudence. Pourquoi donc, Israël, pourquoi es-tu exilé chez tes ennemis, vieillissant sur une terre étrangère, souillé par le contact des cadavres, inscrit parmi les habitants du séjour des morts ? Parce que tu as abandonné la Source de la Sagesse ! Si tu avais suivi les chemins de Dieu, tu vivrais dans la paix pour toujours. Apprends où se trouvent et la prudence, et la force, et l’intelligence ; pour savoir en même temps où se trouvent de longues années de vie, la lumière des yeux et la paix. (Baruc 3, 9-14)

Le responsable doit être irréprochable, époux d’une seule femme, un homme sobre, prudent, équilibré, accueillant, capable d’enseigner, ni buveur ni brutal mais bienveillant, ni querelleur ni cupide. (1 Timothée 3, 2-3)

La prudence est la vertu qui dispose la raison pratique à discerner en toute circonstance notre véritable bien et à choisir les justes moyens de l’accomplir. " L’homme avisé surveille ses pas " (Pr 14, 15). " Soyez sages et sobres en vue de la prière " (1 P 4, 7). La prudence est la " droite règle de l’action ", écrit saint Thomas (s. th. 2-2, 47, 2) après Aristote. Elle ne se confond ni avec la timidité ou la peur, ni avec la duplicité ou la dissimulation. Elle est dite auriga virtutum : elle conduit les autres vertus en leur indiquant règle et mesure. C’est la prudence qui guide immédiatement le jugement de conscience. L’homme prudent décide et ordonne sa conduite suivant ce jugement. Grâce à cette vertu, nous appliquons sans erreur les principes moraux aux cas particuliers et nous surmontons les doutes sur le bien à accomplir et le mal à éviter. (Catéchisme de l’église catholique 1806)

(Contribution de Vito Pongolini)