+39 0669887260 | info@wucwo.org | Nous contacter
Louise-élisabeth Vigée-Le Brun (Paris 1755 - 1842), Madame Vigée-Le Brun et sa fille, Jeanne-Lucie-Louise, dite Julie, 1789, huile sur bois, cm 130 x 94, Paris, Musée du Louvre
Les signes d’espérance : générer de nouveaux fils et de nouvelles filles
Dans les premiers mois de cette nouvelle année, laissons-nous accompagner par l’esprit jubilaire que toute l’Église entend vivre. Nous le faisons avec une approche particulière : Nous le faisons avec une approche particulière : nous proposons à la réflexion et à la contemplation quelques figures de femmes qui incarnent, dans la représentation qu’en ont donnée des artistes de différentes époques et de différents lieux, ce que le pape François a défini comme des « signes d’espérance » dans la bulle annonçant le Jubilé.
Les choix auraient pu être innombrables pour illustrer le désir de transmettre la vie. Nous avons choisi un magnifique tableau d'une célèbre peintre française contraint à l'exil à cause de la Révolution de 1789, ayant travaillé jusqu'alors à la cour de Louis XVI. Nous avons choisi une femme peintre aussi parce que générer est une action éminemment féminine et de cette façon il nous a semblé que pour rendre le thème de la maternité en peinture elle pouvait bénéficier de quelque chose de plus que n'importe quel peintre homme. Et nous avons choisi un autoportrait pour que la capacité de transmettre un thème aussi important et vital à travers l’art soit encore plus évidente et directe.
Ce qui me frappe le plus, c’est la spontanéité qui imprègne le tableau. Les vêtements de la peintre et de sa fille sont très simples, leurs regards sont tous deux dirigés vers nous, spectateurs, presque comme s'ils voulaient nous démontrer la grande affection qui lie la mère et la fille. La pose des deux protagonistes semble s´inspirer aux bien célèbres « maestà » : la mère n’est en effet pas assise de face mais la légère torsion de son torse nous donne l’impression qu’elle l’est.
Mais ce qui représente le plus la joie de la maternité, c’est la double étreinte que présente la scène. La première est celle de la petite fille qui passe ses bras autour du cou de sa mère, donnant l'impression de se sentir en sécurité dans les bras de sa maman. Et de fait, la deuxième étreinte, celle de la mère, enveloppe complètement le corps de sa fille, amenant le spectateur à penser d'une part à une protection mais d'autre part aussi à une volonté de souligner ainsi l'instinct maternel.
Certes, un tableau de ce genre met en valeur l’intimité du sujet, la profondeur du lien qui existe entre mère et fille, la joie qui vient du fait de faire naître des enfants et de vivre la maternité au cours de leur croissance progressive. C'est véritablement un geste d'espérance que l'on retrouve exprimé également à travers la peinture, capable comme tout art de transmettre des sentiments, des humeurs, des sensations, des désirs.
Regarder l’avenir avec espérance, c’est aussi avoir une vision de la vie pleine d’enthousiasme à transmettre. Nous devons malheureusement constater avec tristesse que, dans de nombreuses situations, cette vision fait défaut. La première conséquence est la perte du désir de transmettre la vie. En raison des rythmes de vie frénétiques, des craintes concernant l’avenir, du manque de garanties professionnelles et de protections sociales adéquates, de modèles sociaux où la recherche du profit et non le soin des relations dicte l’agenda, on assiste dans plusieurs pays à une baisse préoccupante de la natalité. Au contraire, dans d’autres contextes, « accuser l’augmentation de la population et non le consumérisme extrême et sélectif de certains, est une façon de ne pas affronter les problèmes ».[5]
L’ouverture à la vie avec une maternité et une paternité responsables est le projet que le Créateur a inscrit dans le cœur et dans le corps des hommes et des femmes, une mission que le Seigneur confie aux époux et à leur amour. Il est urgent que, outre l’engagement législatif des États, ils aient le soutien convaincu des communautés croyantes et de la communauté civile dans toutes ses composantes, car le désir des jeunes d’engendrer de nouveaux enfants comme fruit de la fécondité de leur amour donne son avenir à toute société. Ce désir est une question d’espérance puisqu’il dépend de l’espérance et produit l’espérance.
La communauté chrétienne doit être la première à soutenir une alliance sociale pour l’espérance, qui soit inclusive et non idéologique, et qui travaille à un avenir marqué par le sourire de nombre d’enfants qui viendront remplir de trop nombreux berceaux vides en plusieurs lieux du monde. Mais chacun, en réalité, a besoin de retrouver la joie de vivre car l’être humain, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26), ne peut se contenter de survivre ou de vivoter, de se conformer au présent en se laissant satisfaire de réalités uniquement matérielles. Celles-ci enferment dans l’individualisme et érodent l’espérance, en générant une tristesse qui se niche dans le cœur et le rend aigre et intolérant.
(François, Bulle d’indiction du Jubilé 2025 Spes non confundit 9)
(Contribution de Vito Pongolini)