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Art et méditation - mai 2025

Migrants

Théodore Géricault (Rouen 1791 – Paris 1824), Le radeau de la Méduse, 1818/19, huile sur toile, cm 491 x 716, Paris, Musée du Louvre 

Les signes d’espérance: les migrants. 

L'immense toile que nous voyons fait référence à un article d’actualité survenu le 2 juillet 1816, qui causa une grande commotion à Paris et dans toute la France. Ce jour-là, la frégate Méduse s'échoue à environ 160 km au large des côtes de l'actuelle Mauritanie, dans l'océan Atlantique. Après plusieurs tentatives de renflouement du navire, plus de 250 personnes furent sauvées le 5 juillet en montant à bord des canots de sauvetage ; les 150 autres trouvèrent une place sur un grand radeau et dérivèrent sur l’océan pendant quinze jours, au terme desquels seulement quinze survivants furent secourus par un bateau.

Bien que je sois conscient de la transposition qui est en train de se faire, j'avoue qu'à chaque fois que je regarde ce tableau, je pense immédiatement à la triste situation dans laquelle se trouvent des dizaines et des centaines de migrants cherchant refuge et salut sur les côtes du sud de l'Europe en traversant la mer Méditerranée.

Observons maintenant attentivement le tableau et essayons de nous laisser interroger par les détails et la représentation d’ensemble.

La précarité du radeau que Géricault dépeint dans son œuvre nous rappelle immédiatement les vieilles embarcations– véritables carcasses – sur lesquelles les migrants sont contraints de monter pour tenter la traversée.

Les corps sans vie au premier plan nous ramènent immédiatement à la longue litanie des reportages qui nous informent presque quotidiennement du nombre de morts retrouvés en mer ou sur les côtes d'Italie, d'Espagne, de Grèce et des îles de la mer Égée.

Je pense que les gestes de ceux qui sont encore en vie ressemblent aux gestes que font aujourd'hui les migrants qui voyagent vers les côtes de l'Europe sur les bateaux qui les transportent. Certains semblent résignés, comme l’homme à gauche qui, pensif, tient le corps sans vie d’un jeune homme (son fils ?) ; D'autres semblent appeler à l'aide, comme l'homme au centre du tableau qui lève la main droite, comme pour attirer de façon particulière l'attention sur l'état de celui qui l'entoure de ses bras, D'autres encore sont empreints d'espoir et scrutent l'horizon, faisant des gestes comme pour attirer l'attention d'éventuels sauveteurs, peut-être parce que la voile d'un navire se profile effectivement à l'horizon.

Même le fond est le même : la mer, encore la mer, seulement la mer, avec des vagues qui peuvent devenir menaçantes et apporter la mort.

La réalité des migrants est certainement plus vaste que l'aperçu que nous a offert le tableau de Géricault (pensons à ceux qui traversent la frontière entre le Mexique et les États-Unis ou à ceux qui arrivent en Europe par la soi-disant « route des Balkans »), mais cela a suffi pour que nous nous préparions à accueillir – je l'espère – les paroles de notre cher et bien-aimé pape François :

Il devra y avoir des signes d’espérance à l’égard des migrants qui abandonnent leur terre à la recherche d’une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leurs familles. Que leurs attentes ne soient pas réduites à néant par des préjugés et des fermetures ; que l’accueil, qui ouvre les bras à chacun en raison de sa dignité, s’accompagne d’un engagement à ce que personne ne soit privé du droit de construire un avenir meilleur. De nombreuses personnes exilées, déplacées et réfugiées sont obligées de fuir en raison d’événements internationaux controversés pour éviter les guerres, les violences et les discriminations. La sécurité ainsi que l’accès au travail et à l’instruction doivent leur être garantis, éléments nécessaires à leur insertion dans leur nouveau contexte social.

La communauté chrétienne doit toujours être prête à défendre le droit des plus faibles. Qu’elle ouvre toutes grandes les portes de l’accueil avec générosité afin que l’espérance d’une vie meilleure ne manque jamais à personne. Que résonne dans les cœurs la Parole du Seigneur qui a dit dans la grande parabole du jugement dernier : « J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli », car « dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 35.40).

(François, bulle d’indiction du Jubilé 2025 Spes non confundit 13)

(Contribution de Vito Pongolini)