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Titien (Pieve di Cadore 1494 – Venise 1576), La bacchanale des Andriens, 1523/26, huile sur toile, cm 175 x 193, Madrid, Musée du Prado
Les signes d’espérance: les jeunes
La scène représentée par Titien dans ce magnifique tableau est tirée de la mythologie grecque et nous montre la célébration des habitants de l'île égéenne d'Andros, si chère à Bacchus, que le vin, nourriture sacrée pour lui, coulait directement d'un ruisseau, comme on peut le voir dans le coin inférieur gauche, où un jeune homme puise la boisson enivrante à l'aide d'une cruche.
Le tableau de Titien – qui faisait partie du cycle de cinq tableaux, tous consacrés aux histoires du dieu Bacchus, que le duc de Ferrare Alphonse Ier d'Este avait commandé à certains peintres de la Renaissance (Titien, Dosso Dossi et Giovanni Bellini) – était placé avec les autres dans une salle du château de la ville appelée «Camerino delle pitture», qui devint rapidement célèbre auprès des amateurs d'art et en particulier de peinture.
La fête que nous voyons ici ne se soucie pas de mettre en valeur l'épisode qui donne son nom au tableau (le dieu Bacchus est en effet absent, tout comme les autres personnages, tels que les Ménades et les Satyres, qui faisaient partie de son cortège). Titien semble plutôt vouloir nous transmettre son éloge de la jeunesse, exprimé par ses coups de pinceau magiques. Le seul personnage âgé que nous remarquons se trouve dans les marges, allongé sur la colline qui s'élève à droite. Chacun des personnages au premier plan incarne un prototype de beauté. Chacun se consacre à des choses légères et joyeuses: la danse du beau couple en robes de soie bleu et rose irisées à droite, la musique et le chant des deux jeunes femmes qui, avec des flûtes à bec, doivent interpréter le canon que l'on voit sur la partition et qui est attribué à Adriaen Willaert, musicien flamand au service de la cour de Ferrare à l'époque où Titien peignit le tableau, le repos de la jeune femme allongée à droite au premier plan (dont la nudité, à la Renaissance, est avant tout synonyme de beauté et de perfection), le boire de ceux qui tiennent divers récipients à la main. Aucun geste vulgaire, aucune apparence de déchaînement, tout est équilibré, tout est mesuré, tout est beau, tout est jeune.
Notre regard sur le tableau devient un regard sur la jeunesse de la Renaissance. Certes, il s'agit de la jeunesse privilégiée des cours et des classes aisées, mais ne sous-estimons pas la capacité du grand peintre vénitien à élever la jeunesse au rang de paradigme, au centre de l'intérêt et de l'attention de toute une société, qui nous parle de beauté, de joie et de bonheur, et qui envisage l'avenir avec confiance et optimisme!
Ceux qui, en leurs personnes mêmes, représentent l’espérance ont également besoin de signes d’espérance : les jeunes. Malheureusement, ces derniers voient souvent leurs rêves s’effondrer. Nous ne pouvons pas les décevoir : l’avenir se fonde sur leur enthousiasme. Il est beau de les voir déborder d’énergie, par exemple lorsqu’ils retroussent leurs manches et s’engagent volontairement dans des situations de catastrophes et de malaise social. Mais il est triste de voir des jeunes sans espérance. Lorsque l’avenir est incertain et imperméable aux rêves, lorsque les études n’offrent pas de débouchés et que le manque de travail ou d’emploi suffisamment stable risque d’annihiler les désirs, il est inévitable que le présent soit vécu dans la mélancolie et l’ennui. L’illusion des drogues, le risque de la transgression et la recherche de l’éphémère créent, plus en eux que chez d’autres, des confusions et cachent la beauté et le sens de la vie, les faisant glisser dans des abîmes obscurs et les poussent à accomplir des gestes autodestructeurs. C’est pourquoi le Jubilé doit être dans l’Église l’occasion d’un élan à leur égard. Avec une passion renouvelée, prenons soin des jeunes, des étudiants, des fiancés, des jeunes générations ! Proximité avec les jeunes, joie et espérance de l’Église et du monde !
(François, bulle d’indiction du Jubilé 2025 Spes non confundit 12)
(Contribution de Vito Pongolini)