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Giovanni Bellini (Venise, 1433 environ – 1513), La présentation de Jésus au Temple, 1460 environ, tempera sur bois, cm 82 x 106, Venise, Fondation Querini Stampalia
Le tableau présente une foule de gens dans un petit espace derrière une balustrade en marbre. L'image est probablement riche de sens pour l'artiste car il semblerait que le jeune homme sur la droite soit son propre portrait, tandis que sur côté opposé la jeune fille serait le portrait de sa femme Guenièvre.
Mais fixons notre regard sur la scène centrale : sous l'œil vigilant de Joseph, au centre, voilà le vieux Siméon à droite et à gauche Marie, qui tient l'enfant Jésus debout.
Selon la tradition juive, 40 jours après la naissance la mère devait se purifier et racheter le fils premier-né (tel que rapporté dans Exode 13), par l'offrande d'un agneau (ou voir Lévitique 12). Marie, dont la beauté resplendit à cause de la blancheur de la peau qui semble se refléter sur le voile blanc et plein de lumière, paraît hésiter à confier Jésus à Siméon qui, les bras déjà ouverts, attend de l'accueillir. La mère semble vouloir le reprendre, cet enfant si petit mais avec une courte vie déjà marquée par des épisodes mystérieux. Pourquoi ? Peut-être que l’interprétation de l’attitude pensive de la mère se comprend dans des bandages qui enveloppent complètement son enfant : il s’agit des « bandes » avec lesquelles les nouveau-nés étaient emmaillotés bien sûr, mais de la même manière elles préfigurent les «bandages» avec lesquels les cadavres étaient enveloppés avant l'enterrement. Jean écrit : «Ils prirent donc le corps de Jésus, qu’ils lièrent de linges, en employant les aromates selon la coutume juive d’ensevelir les morts» (19, 40).
En outre, selon l’évangéliste Luc, seul Siméon a dit à Marie que son âme sera traversée d’un glaive (cf. Luc 2, 35) : c'est pourquoi elle est bouleversée!
Et nous, qui regardons des siècles plus tard, nous comprenons bien son trouble car que nous savons que Marie devra lier le corps sans vie du Fils bien-aimé. Cependant, bien que toutes ces séquences semblent se dérouler de manière spectaculaire devant Marie, on la voit au premier plan, elle est présente, elle ne fuit pas face à l’avenir qui est prédit par Siméon.
Peut-être ne comprend-elle pas la douleur que lui est prophétisée, mais Marie garde cela dans son cœur (cf. Luc 2, 51): c’est son attitude constante. Dans les situations difficiles et exigeantes de la vie quotidienne, quand nous nous sentons impuissantes, à nous aussi il est proposé de «rester» sans fuir, de ne pas contourner les obstacles. Marie nous montre que la façon de construire une vie pleine n’est pas la passivité résignée devant la douleur, mais la capacité à s'adapter avec une extrême confiance au dessein de Dieu.