+39 0669887260 | info@wucwo.org | Nous contacter
Francisco de Zurbaran (Fuentes de Cantos, 1598 – Madrid, 1664), Immaculée Conception, 1635 environ – huile sur toile, – Siguenza, Musée Diocésain.
Le grand peintre espagnol, qui a exercé son activité principalement à Séville, interprète le sujet de l'Immaculée Conception selon les canons classiques: Marie est représentée très jeune, elle est recueillie, en prière, les mains jointes, elle porte une longue tunique blanche et son manteau, d’un bleu intense, s’ouvre jusqu’à former un volume pyramidal parfaitement équilibré. La gemme placée sur l'encolure de la robe est belle et précieuse, reproduisant le monogramme (un A croisé à un M) de la salutation angélique: "Ave, Maria".
La Vierge est placée dans le ciel et partout foisonnent des têtes d’anges : sous les plis de la robe et du manteau, entre les nuages dans le ciel, autour de la tête de Marie où elles forment une seconde auréole autour de celle créée par les douze étoiles. Dans le ciel, parmi les nuages, il y a des éléments symboliquement liés aux louanges mariales: nous reconnaissons l'“étoile du matin” et le “miroir de justice” à droite, à gauche la “porte du ciel” et l'“échelle de Dieu”.
Zurbaran a traité le thème de l'Immaculée Conception dans au moins une douzaine d'œuvres connues. Celle que nous avons choisie pour notre réflexion a une particularité qui mérite d'être soulignée. Si nous regardons le fond de la peinture, nous réalisons qu'elle est occupée par un paysage. Le côté gauche est une reproduction fidèle de Séville au XVIIe siècle : la Giralda, la très haute tour du clocher de la cathédrale (avec ses 104,1 mètres elle est une des plus élevées en Espagne), ressort mais aussi la “Tour de l’Or”, construction militaire sophistiquée bâtie pendant la domination arabe pour contrôler l'accès de la ville de la rivière Guadalquivir. Le côté droit par contre nous présente un jardin luxuriant rempli de plantes, de fleurs, d'eau, probable évocation des très beaux jardins de l'Alcazar royal qui, au cours des siècles, ont été agrandis et embellis pour en faire l'une des manifestations la plus originale d'un style purement hispanique, le mudéjar, expression de l'art musulman adapté au monde chrétien.
Certes, la ville et le jardin peuvent être interprétés à leur tour comme des symboles de Marie, qui par les Pères de l'Église a été désignée comme “Cité de Dieu”, “Jardin Fermé” ou “Source Scellée”. Mais j'aime aussi penser que cette représentation de Marie, toute pure et belle, nous la montre comme un pont entre Dieu (le ciel habité par les anges) et l'humanité (Séville, la ville, le jardin), entre le ciel et la terre, entre le Créateur et nous, ses créatures.
Marie, secours des chrétiens, prie pour nous!