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Art et méditation - Janvier 2018

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Hieronymus Bosch (‘s-Hertogenbosch, 1453 –1516), L’adoration des Mages, 1495 environ – huile sur tableau – Madrid, Musée du Prado

La scène que le grand peintre hollandais a représentée met sous nos yeux des éléments traditionnels et des éléments novateurs et très particuliers, en commençant par le choix de la forme du triptyque. Dans les panneaux latéraux, il a peint à gauche et à droite les deux commanditaires de l'œuvre avec leurs saints: Peter Bronckhorst avec Saint Pierre et son épouse Agnes Bosshuysse avec Sainte Agnès. Le beau paysage qui sert de toile de fond aux trois panneaux, au-delà de la beauté de la nature et de la richesse de l'eau, montre à un observateur attentif des détails qui laissent entrevoir la possibilité d’une lecture symbolique: dans le panneau central, deux armées face à face, dans le panneau de droite deux passants qui sont attaqués par des loups.

Le compartiment central du triptyque est occupé au premier plan par la scène de l'offrande des trois Rois venant de l'orient. Les trois Mages représentent les différents âges de l'homme (jeunesse, âge adulte, vieillesse), et avec leurs cadeaux nous rappellent des citations de l'Ancien Testament qui sont liées à Jésus, le Fils de Dieu né d'une femme, et à leur arrivée à Bethléem pour l'adorer. Balthazar agenouillé devant l'Enfant et Marie, présente en cadeau une sculpture d’or qui représente le sacrifice d'Isaac (Genèse 22, 1-18); derrière lui Melchior, qui porte de l'encens sur une assiette, est vêtu d’une cape sur laquelle est brodée la visite de la reine de Saba au roi Salomon (1 Rois 10, 1-13); à gauche, avec une belle robe blanche qui contraste avec sa peau noire, Gaspard qui porte la myrrhe dans un ciboire sphérique  dont le relief représente l’offrande de l’eau au roi David par trois des chefs des guerriers (1 Chroniques 11, 15-19). Et Gaspard est certainement celui des trois qui se démarque le plus, en particulier par la façon dont sa belle robe blanche ressort, ornée d'une broderie qui ressemble à un feuillage épineux.

Dans le contexte de la scène centrale, la cabane, qui servait de refuge à Joseph et à Marie, est maintenant peuplée de divers personnages. Beaucoup sont des bergers, arrivés après l'annonce des anges, mais on remarque la singularité de la personne à moitié nue qui apparaît sur le seuil de la cabane, devant d'autres personnages grotesques, avec un manteau rouge et un turban: elle a été identifiée comme un lépreux (il a en effet une blessure sur la jambe droite et porte la cloche avec laquelle il devait annoncer sa présence au peuple) et est donc interprétée par les critiques comme l'Antéchrist ou le peuple juif. J'aime penser que Bosch a voulu rendre présents, à coté de Jésus, avec l'événement de l'arrivée des Rois d'Orient, également les pauvres, les exclus, ceux qui vivaient dans les «périphéries existentielles» que nous rappelle le pape François.

“Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui” (Mt 2, 2)