En me promenant dans Rome, en regardant les vitrines des magasins, en visitant les églises, en contemplant les crèches et en assistant à des réunions de prière, je suis tombé sur une phrase qui m'a amené à réfléchir sur le sens de Noël. Ce slogan publicitaire dit : « All you need is make-up » (Tu n'as besoin que de maquillage). Je me suis alors demandé : Est-ce vraiment ce dont j'ai besoin pour vivre pleinement comme Dieu le veut, lorsqu'il naît en notre sein ?

Chères amies, je crois qu'aujourd'hui, plus que jamais, la naissance du Christ interpelle nos priorités, nos valeurs, notre mode de vie, nos amours, notre foi. Parce que vivre, c'est plus que respirer, être en bonne santé, manger, gagner sa vie et travailler. Nous ne devons pas oublier, mes sœurs, que tout a commencé par l'annonce que Marie a accueillie. Tout se poursuit par une autre annonce, à Joseph pour qu'il n'ait pas peur et ne rejette pas Marie. Tout s'est terminé par une nouvelle annonce aux bergers de se réveiller et de se rendre sans crainte à Bethléem pour y adorer le Sauveur. Et en Joseph, comme en Marie et aux bergers, nous reconnaissons ce qui se passe dans la vie d'un homme et d'une femme lorsque Dieu entre dans leur histoire et en change le cours. D’ailleurs comme il arrive souvent dans la vie, c'est Dieu qui prend l'initiative et cette rencontre donne un sens. Et dans la vôtre, qui a l'initiative ?

Dans cette ère de l'humanité, qui vante le culte de l'efficacité, de l'état de santé pléthorique, du succès implacable, de l'individualisme sauvage, sans nous en rendre compte, lentement et imperceptiblement, nous sommes tombés dans un tourbillon d'hypocrisies, de faussetés et de creux que nous essayons de cacher sous le maquillage existentiel qui nous accompagne. Année après année, nous fêtons Noël, seuls ou en famille, avec celui que nous aimons ou dans la nostalgie de l'amour qui n'est plus là, mais le fêtons-nous avec Dieu ? Pour beaucoup, c'est la période de l'année la plus chargée, la plus mouvementée, la plus anxieuse, la plus solitaire, la plus coûteuse et la plus fatigante. La même agitation et la même confusion que Joseph, Marie et les bergers ont connues cette nuit-là sont les vôtres et les nôtres.

Dans un monde qui marginalise et exclut la majorité de l'humanité, qui ne considère pas la diversité, la gratuité, la générosité, l'humilité et la simplicité comme fondamentales, Noël nous fait mettre notre cœur dans ces personnes et ces valeurs, tout comme Marie l'a fait, tout comme tu le fais toi-même. Noël peut être le moment où l'on apprend, à la fin de l'année, lorsque le bilan est tiré, à voir comment on s'en est sorti, ce qui doit être relancé, ce qui peut l'être et ce qui doit être réessayé. Tu es une femme aimée de Dieu, n'abandonne jamais ton cœur, car avec Dieu tu n'as pas besoin de maquillage. Il ne sert à rien de chercher des choses et des biens pour perdre le sens profond de la raison pour laquelle tu vis et pour qui tu vis.

Mes sœurs, nous devons apprendre que la Crèche est une invitation à être toi : une femme joyeuse, humble, généreuse, libre, simple et courageuse. Ce Noël, je t’invite, d'une manière particulière, non seulement à prendre conscience de la présence de Jésus en toi, mais à prendre conscience de la manière dont Il est en toi. Si tu regardes bien ta vie, tu te rendes compte que tu es aussi le berger de quelqu'un, avec qui tu veilles, sans calcul ni certitude. C'est cela Noël, reconnaître non seulement qui est Dieu mais aussi qui es-tu pour Lui et pour les autres. Dieu est avec toi et Il te fait encore confiance ! « Allons jusqu'à Bethléhem » (Lc 2,15) : les bergers l'ont dit et l'ont fait, toi aussi ! N'aie pas peur, viens à Belen. « N'ayez pas peur d'accompagner Marie », renonce au maquillage d'arrogance, de violence, de mensonge, de faiblesse et de fausseté qu'ils ont essayé de te vendre. La crèche, où les bergers sont venus adorer Jésus, est le lieu où tu apprendras que ta vie vaut la peine d'être vécue, qu'elle prend tout son sens lorsqu'elle est un espace de vie et de vérité pour les autres. En tant que femme, tu es invitée aujourd'hui, avec l'urgence du bien à faire, dans une Église qui est en sortie vers les périphéries de l'humanité, à t'arrêter humblement devant la Nativité, à l'adorer et à sortir pour aimer avec la tendresse et la miséricorde de Dieu. Joyeux Noël et j’espère vous retrouver bientôt à Assise.

P. Marcelo Gidi, C.J.

Assistant Ecclésiastique