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Art et Meditation - septembre 2021

fuga egittoAlbrecht Altdorfer, Ruhe auf der Flucht nach Ägypten, 1510, Cat. No. 638B

© Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie / Jörg-P. Anders

Link: https://we.tl/t-xo1zjQWcfQ

Albrecht Altdorfer (Ratisbonne 1480 – 1538), Le repos pendant la fuite en égypte, 1510, huile sur bois de tilleul, cm 58,2 x 39,3, Berlin, Gemäldegalerie.

Mois de septembre.

Ce petit tableau est avant tout un acte de foi et de dévotion de la part du peintre. En témoigne l'inscription dont il a voulu signer l'œuvre et que l'on retrouve en bas à gauche, devant la base ronde du bassin de la fontaine: «Le peintre Albert Altdorfer de Ratisbonne vous a consacré d'un cœur fidèle, Sainte Marie, ce cadeau pour son salut". Je suis ému par le désir de mettre au service de son salut ce qu'il peut faire de mieux, peindre. Et il le fait d'une manière louable avec un travail petit mais très élaboré.

Le paysage semble danubien et rappelle la Forêt Noire, là où se trouvent les sources du Danube, sans oublier que le grand fleuve baigne aussi Ratisbonne, la ville où Altdorfer a passé toute sa vie. Les architectures et les vêtements sont contemporains du peintre, ainsi que le fauteuil sur lequel Marie est assise. La fontaine nous est présentée comme une œuvre complexe de la Renaissance, avec des éléments sculpturaux qui rappellent l'Antiquité classique. Derrière la Sainte Famille, il y a des bâtiments délabrés, qui semblent faire allusion à des temps passés (l'Ancienne Alliance et le paganisme) qui, avec l'incarnation du Christ, ont été à jamais dépassés.

Concentrons-nous maintenant sur les personnages de la scène: Marie, Joseph et le petit Jésus. Bien que la fuite en Égypte ait été certainement précipitée et dramatique à certains égards, le peintre surprend la famille dans un moment paisible. Pour souligner cet état de grâce, voici la présence de plusieurs petits anges qui semblent vouloir jouer avec le petit Jésus, ainsi que le divertir avec des instruments de musique. Ils sont saisis dans différentes postures, aux prises avec l'eau de la fontaine ou de sa structure. Jésus est aussi attiré par l'eau, vers laquelle il tend la main, fermement tenu par sa mère pour l'empêcher d'y tomber et de s'exposer au danger. Marie est assise sur un fauteuil qui est certainement autre chose que le trône auquel tant de représentations picturales de la même époque nous ont habitués. Et Joseph, l'époux et le père, tend à sa femme des cerises, qu'il a récupérées dans les environs, où il est allé, comme en témoigne le bâton qu'il tient dans sa main droite. Son regard amoureux se dirige vers Jésus, ce fils qu’il a risqué de perdre à cause de la méchanceté d'Hérode et qui est désormais en sécurité grâce à l'avertissement reçu en rêve par l'ange.

Nombreuses sont les références symboliques dont on peut émettre des hypothèses ou imaginer des significations: la fontaine qui ressemble à certains fonts baptismaux, l'eau avec sa valeur baptismale ou lustrale ou pénitentielle, les cerises avec leur couleur rouge (sang ?), les édifices en ruines. Mais je pense que ce qui nous impressionne le plus, c'est que le thème du tableau (le repos pendant la fuite en égypte) pour le peintre est devenu presque un prétexte pour contempler Jésus, Joseph et Marie dans la douceur et le bonheur de leur vie de famille.

 

Bien des fois, en lisant les “Évangiles de l’enfance”, on se demande pourquoi Dieu n’est pas intervenu de manière directe et claire. Mais Dieu intervient à travers des évènements et des personnes. Joseph est l’homme par qui Dieu prend soin des commencements de l’histoire de la rédemption. Il est le vrai “miracle” par lequel Dieu sauve l’Enfant et sa mère. Le Ciel intervient en faisant confiance au courage créatif de cet homme qui, arrivant à Bethléem et ne trouvant pas un logement où Marie pourra accoucher, aménage une étable et l’arrange afin qu’elle devienne, autant que possible, un lieu accueillant pour le Fils de Dieu qui vient au monde (cf. Lc 2, 6-7). Devant le danger imminent d’Hérode qui veut tuer l’Enfant, Joseph est alerté, une fois encore en rêve, pour le défendre, et il organise la fuite en Égypte au cœur de la nuit (cf. Mt 2, 13-14).

Pape François, lettre apostolique Patris Corde 5, 8 décembre 2020

(Contribution de Vito Pongolini)